mardi 19 juin 2012

Superteacher fait de la sociologie

Mes collègues confirmeront : il n'y a pas une classe pareille. Et c'est étrange, mais on a très rapidement la sensation d'avoir affaire à un "groupe classe" et non pas à 30 individus distincts.
Parfois, l'alchimie entre les élèves prend, parfois elle ne prend pas mais on finit toujours par avoir tout un éventail de classes différentes.

Extrait de Superteacher S.T, Essai d'analyse sociologique du groupe classe, de l'anarchie au silence radio, Paris, 2012, Editions du stagiaire.

"la classe solaire : la classe solaire est une classe qui, comme son nom l'indique, est brillante. Les élèves ont un niveau qui vous laisse parfois bouche bée. Il arrive que leurs questions commencent par "Mais pensez-vous que dans le contexte actuel...?". (mais enfin, tu as 12 ans !). La classe solaire est très agréable, puisqu'elle comprend tout ce que vous racontez et plus. Mais elle a un défaut. Comme le soleil, elle peut produire de l'énergie. Renouvelable, évidemment. Et elle devient difficile à canaliser puisqu'ils ont tellement envie et de participer qu'ils vont parfois hurler "MOOOOOOOOOAAAA JE SAIIIIIIIS" pour être sûr de pouvoir répondre avant les autres tout aussi brillants. Bruyant.

la classe des cancres : certainement la plus éprouvante, mais pas la moins attachante. Les cancres ne sont a priori pas là pour travailler et la classe l'a joyeusement accepté. Chahuts, ricanements, gros mots, bavardages sont à prévoir. Seulement, il arrive que la classe des cancres mute si elle vous aime bien. Et là, c'est toujours fatiguant mais c'est aussi méga kiffant parce qu'ils mettent leur énergie de cancre à participer au cours. Le cours devient donc parfois surréaliste entre un élève qui va retomber dans le rôle du cancre, puis va se faire reprendre par son voisin de devant (cancre repenti) qui va lui gueuler de se taire, qui lui même va se faire reprendre par la prof qui va lui reprocher de crier même si c'est pour la bonne cause, mais qui va finir par avoir une réponse brillante à une question compliquée. Kiffant, je vous dis. 

la classe ramollie du bulbe : selon moi, la plus chiante. Elle est facile à décrire : c'est le silence radio. Vous posez une question pourtant passionnante (mais si, passionnante, j'ai dis), vous regardez les élèves et rien ne se passe. Entre celui qui se gratte le nez, celui qui se gratte le ventre, celui qui n'a pas compris la question, celui qui essaye de communiquer en morse avec son voisin, celle qui se remet du baume à lèvres, vous vous sentez un peu seul. 
Puis, au fond, une lumière ! Un élève lève la main ! Vous l'interrogez ! "Ah, non, pardon Madame, je m'étirais". Ok, c'est pas grave. Une prochaine fois. Classe qui vous donne l'impression de n'être qu'un écran de télé et un écran un peu chiant. Genre LCP. 

la classe Gerard Klein : comme son nom l'indique, elle a l'air tout droit sortie d'un feuilleton télé béni-oui-oui. Ils ne bavardent pas, juste un peu pour que vous puissiez les reprendre de temps en temps. Ils posent des questions. Ils répondent aux questions. Le cancre est au fond, près du radiateur ou de la fenêtre. Il met parfois un peu d'ambiance mais tout cela reste bon enfant. Bref, on a l'impression d'être dans l'Instit et il faut avouer que c'est assez reposant. "


 L'Essai d'analyse sociologique du groupe classe, de l'anarchie au silence radio est disponible dans toutes les bonnes librairies. 

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