samedi 16 février 2013

Super Teacher est inspectée

L'inspection, ou 5 jours de montagnes russes émotionnelles.

Je suis pas tellement quelqu'un de stressé. Pour les oraux du CAPES, j'étais zen. Pour mes spectacles de danse, j'étais zen. Pour le permis, j'étais presque zen. Mais alors, l'inspection, ça me fait perdre tout mon sang-froid.
C'est-à-dire que pendant les jours qui la précède, je passe toutes les 20 minutes d'un état d'angoisse où je pense à tout ce qui va sûrement foirer (un élève pose une question précise à laquelle je ne sais pas répondre et m'affiche, l'inspectrice relève un cahier qui ressemble à Tchernobyl, j'oublie mon PowerPoint et doit donc mimer la bataille de Stalingrad en ombres chinoises, etc...) à un état de confiance survoltée (de-toute-façon-je-suis-géniale-je-vais-assurer-et-puis-même-si-je-me-foire-et-bin-tant-pis-j'aurais-juste-un-dossier-de-merde-j'en-ai-rien-à-foutre-oh-non-ça-y-est-je-pleure-calme-toi-tout-va-bien-tu-as-confiance-en-toi-chuuuut)

Le jour de l'inspection, j'avais une gueule désastreuse. Cernes de trois pieds de longs, bouton de fièvre, cheveux ternes et oeil vitreux. Pas belle à voir. Je fais entrer mes élèves. Mes troisièmes adorés, youpi tralalala, je ne pouvais pas mieux tomber.
Personne. Ils se regardent, ils me regardent, ils murmurent (où est l'inspectrice ? qu'est-ce qu'on fait ?). Moi, je fais genre tout va bien, je commence mon cours. Une minute après entre l'inspectrice. Mes élèves se lèvent comme un un seul homme.
Et oui, surprise surprise, la principale vient aussi assister à la séance.
Mais comme je le savais tout au fond de moi, au moment où j'ai prononcé les premiers mots de mon cours, j'ai arrêté de penser à l'inspection et je suis redevenue fabuleuse (au minimum.) Mon oeil est redevenu alerte, mes cheveux se sont mis à briller, mon bouton de fièvre est devenu sexy et mes cernes se sont estompés. Bon, d'accord, cette partie n'est pas vraie (le coup du bouton de fièvre sexy était peut-être en trop).

Et j'ai batailledestalingradé. Et mes élèves ont été parfaits. Certains que je n'entend jamais ont même fait un peu de zèle en participant au cours. J'ai même été assez détendue pour faire quelques blagues à mes bambins. J'ai montré la toute dernière image au moment où ça sonnait, réalisant un PERFECT TIMING.

Après une inspection, on a un entretien d'une heure avec l'inspecteur. Et là, ça s'est super bien passé. Non, non, petit lecteur, je ne suis pas en train de dire qu'elle m'a dit que tout était génial. Pleins de choses n'allaient pas dans la construction de mon cours, dans la gestion du travail de la classe, dans les petits détails. Mais, je suis prof depuis 1 an, alors je suis là pour apprendre et les critiques sont forcément constructives.
Mais surtout, elle m'a dit pas mal de choses positives sur mon cours, mon rapport avec la classe et les élèves, ma façon de raconter les choses et de les intéresser. (Roooh, ça va, je me lance quelques fleurs. Mais à quoi ça sert un blog si c'est pas un peu pour se la péter ?)
Donc une inspection plutôt réussie !! Ouiiiiii.

Et mes bichons-chouchous-élèves de venir me voir deux heures après : "Madame, Madame, vous avez vu ce qu'elle écrivait ?? Parce que nous, on a regardé discrètement pour vous... Elle a marqué que vous n'aviez pas mis de titre à la photocopie. Elle vous l'a dit ça, ou pas ??"
LUV YA. Sont pas trop mignons, sérieux ?

L'après-midi, ce fut la débauche. Je suis allée m'acheter du chocolat, des cigarettes, des nouveaux cheveux, je me suis coupée la main en deux et enfin, je suis allé voir des mecs se faire exploser la cervelle (Django, Tarantino).

Moi, j'appelle ça une belle journée.


dimanche 10 février 2013

Super Teacher et le concept d'ascenseur émotionnel

Un ascenseur émotionnel c'est quand, très brusquement, tu passes d'une certaine émotion à son contraire. Genre joie intense ET BAM tristesse intense.

Exemples :
"Oh putain, j'ai tous les bons numéros, j'ai gagné au Loto ! Je suis riche !"
"Oui, mais chéri, je crois que ton bulletin, là, il n'a pas été validé" - BAM.

"Vraiment, Monsieur l'expert, je n'ai pas besoin de refaire la toiture de ma maison ?! Quel soulagement."
"Non, non, pas la peine. Les fondations de votre maison ne vont plus tenir bien longtemps de toute façon". -BAM.

"Alors, docteur, l'opération de mon chat s'est bien passée ? Il n'aura plus mal ?"
"Ne vous inquiétez pas, il n'aura plus mal"
"Merci docteur, merci pour tout !"
"Non, en fait, il n'aura plus jamais mal." -BAM.

Bon. Moi, j'ai vécu un mini-ascenseur émotionnel cette semaine.
D'abord, la Joie.
Mes troisièmes ont passé leur brevet blanc et.... Ils ont eu la meilleure moyenne de toutes les troisièmes en Histoire-Géographie !!! Tralalala tralalala je suis une prof géniale, j'apprendrais l'Histoire à un oeuf au plat !! Je me kiff. J'ai failli danser dans la salle des profs en criant "Suck it, bitches !!". Mais les gens sont tellement susceptibles...

Mais sur ces entrefaites arrive la principale, qui m'annonce que je vais être inspectée mercredi matin. -BAM. Et que je suis la seule qu'elle vient voir (oh mon dieu oh mon dieu oh mon dieu mon blog est peut-être sous surveillance).
Bon, y a pas morts d'homme, mais quand même, une inspection, c'est stressant. Surtout quand tes collègues commencent derechef à raconter les pires inspections de leur vie.

Alors, petit lecteur, d'ici une semaine, tu auras un article croustillant sur mon inspection...

samedi 2 février 2013

Super Teacher n'est pas une star interplanétaire, en fait

[suite et fin de l'article précédent] (Mais que de suspens sur ce blog.)

Si tu es un lecteur assidu, tu sais que ma promenade en Kangoo dans ma ville a déclenché des réactions étranges de la part de mes élèves.
Sinon, tu sors ton cahier de texte et tu notes pour demain "Lire l'article Super Teacher est une star interplanétaire".
Evidemment, le lendemain, j'ai eu droit aux commentaires et par la même occasion aux explications.

- "Madame ! Je vous ai vu hier en Kangoo !!!"
(Genre, elle m'apprend quelque chose. Genre, j'étais pas là et je lui ai pas fait coucou)

-"Oui, je sais, Petite Autruche. J'étais là et je t'ai fait coucou. Dis moi, pourquoi est-ce que tu as eu l'air aussi étonnée ?"
-"Bin Madame, je savais pas que vous aviez le permis !"

Bon, ok. Déjà c'est un peu vexant. Soit elle pense que je suis pas encore majeure, soit que je suis trop pauvre pour m'acheter une bagnole (berk, la pauvreté c'est dégoutant*), soit que je suis trop maladroite pour apprendre. (C'est pas parce que je manque de tomber une fois par jour, que je lâche toujours mes stylos en écrivant ou que toutes les tasses chez moi n'ont plus de anse que je suis maladroite, bordel).

Bref. Le soir, je la croise en vélo sur le chemin du retour.

-"Mais, Madame !! Pourquoi vous prenez pas votre voiture ?!"
- "Pour l'environnement, Petite Autruche, pour l'environnement !"

(en même temps, tu dois m'imaginer fendre le vent avec mon cycle de compétition et crier ma réponse)(imagine, j'ai dis)

-"Quoi ?? L'environnement ?? N'importe quoi !!"

Voilà. Hormis le fait qu'elle venait de me traiter de n'importe quoi, j'ai compris ce qui avait choqué mes élèves. Ils se sont dit que si je ne venais pas en voiture, c'était parce que je ne pouvais pas et ça ne pouvait logiquement pas être par choix. Conclusion : je vis vraiment, vraiment loin de la ville et j'ai affaire à des enfants-voitures. La plupart habite à 10 minutes à pied mais viennent en auto.


*parfois, je fais du second degré et on ne me comprend pas. Alors, je passe pour une facho, une raciste ou une vraie beauf. Alors, je précise. J'aime bien les pauvres. D'ailleurs, j'ai des amis pauvres.
À ce propos, les élèves n'ont pas beaucoup de second degré et il y a peu, j'ai dit à mes élèves "Bof, la Corse, ça compte pas, c'est tous des terroristes là-bas". 
Et un des élèves au fond de souffler à ses voisins d'un air indigné "C'est pas vrai, c'est pas tous des terroristes". Heureusement que je l'ai entendu et que j'ai pu expliquer qu'il ne s'agissait que de mon humour douteux.
Mais il faut que je fasse attention. Avec mes bambins, tout est entendu et tout est souvent pris au pied de la lettre. Ils sont petits encore. Si je pouvais, je ferais un petit coeur, là.